Ce cœur bat lourdement, ne me reconnaît pas,
Serré en ma poitrine, il se lamente et pleure,
Et ses larmes de sang me remplissent d’horreurs
D’un effroi dont je sais qu’il ne partira pas.
Ce cœur fut arraché de l’auguste poitrine
Où il avait œuvré, chaque jour, chaque nuit,
Métronome du temps qui était imparti
A ce corps si charmant, sa patrie d’origine.
Mais son frêle vaisseau a plié sous le poids
Du terrible destin, fracassé sur la rive,
Cet esquif a sombré sans que rien ne survive
Sauf cet infortuné qui ne l’acceptait pas.
Mais au lieu de guérir cette nef échouée,
Des pillards ont forcé les flancs déjà fragiles,
Arrachant leur butin du cadavre stérile,
Ce temple de la vie fut ainsi blasphémé.
Le captif, exposé à une mort certaine
S’il restait quelque temps à la lumière du jour,
A été enfermé dans son nouveau séjour,
Cette prison, cette poitrine c’est la mienne.
Je survis aux dépens d’un cœur qui fut volé
Car le mien trop longtemps était à l’agonie,
Celui-là est venu dans cet écrin honni,
Ce lieu qui sent la mort, contraint de me sauver.
Et je sais que mon sang est maudit constamment
Par ce cœur endeuillé qui voudrait s’arrêter,
Car, tel un capitaine, il aurait dû rester
Sombrer dans le néant de la mort et du temps.
Combien de temps me reste-t-il à vivre encore ?
Ce corps n’est plus le mien. Cet emprunt à la mort,
Ce sursaut, ce délai, quel en sera le prix ?
Ceci n’est plus mon pouls, ceci n’est plus ma vie…