Fourbe et traitre miroir ! Tu ne révèles pas
Que le temps a passé. Chacun de tes reflets
Me semble être le même et ne me montre pas
Que les jours ont marqué peu à peu leur effet.
Le temps, ce sombre artiste, a changé mon portrait
Par ses coups de pinceaux en touches minuscules.
Et je ne l’ai pas vu, occupé que j’étais
A consumer ma vie en courses ridicules.
Pourtant tous les matins, j’admirais mon sourire
Qui m’était renvoyé par mon autre moi-même.
Dans ses yeux je lisais la force du désir,
Flamme restée intacte en sa passion extrême.
Ce feu m’a aveuglé, sa lumière a caché
Les subtils changements que les ans ont laissés.
Et j’aurais pu passer encore beaucoup de temps
A ignorer, à nier, sans cet évènement :
Oui, j’ai vu mon enfant qui n’en était plus un
Et son âge nouveau a reflété le mien.
Me retrouvant en son image à mes vingt ans
Il m’a montré comment avait filé le temps.